Le purin d’orties (Urtica dioica) est utile pendant toute la belle saison, à la fois comme fertilisant naturel, comme répulsif pour les pucerons et divers insectes ravageurs mais aussi comme prévention des maladies fongiques (mildiou, botrytis at autres) et stimulateur des défenses naturelles de la plante. Sa composition chimique comprend le classique NPK (azote, phosphore et potassium) mais aussi du fer, du calcium et du magnésium.
Un autre avantage encore: il est entièrement gratuit pour peu que les orties poussent dans votre région.
Il est important par contre de toujours le diluer, 1 à 10 pour l’utiliser comme fertilisant dans l’eau d’arrosage, 1 à 20 comme répulsif à pulvériser sur les feuilles.
Nous allons voir comment le fabriquer soi même.
Note: la référence ultime sur les multiples effets bénéfices du purin d’orties est une étude de 1985, par Rolf Peterson et Paul Jensen, intitulée: « Effects of Nettle Water on Growth and Mineral Nutrition of Plants. II. Pot- and Water-Culture Experiments« , malheureusement non disponible en ligne gratuitement.
Vous trouverez sur ce site une étude plus large sur Urtica dioica (https://alpagrumi.ch/etudes-maladies-et-parasites/).
Cueillez l’ortie fraiche au printemps avant qu’elle ne fasse des fleurs et des graines. Seulement la partie aérienne, pas besoin des racines. On peut donc simplement la faucher.
L’ortie est trés urticante, parfois même à travers les vètements.
Faites bien attention à mettre des gants en cuir ou caoutchouc, un habit à manches longues, et à remonter les gants par dessus les manches. Evitez de glisser et de plonger la tete la première dans un bosquet d’orties, vous en garderiez le souvenir longtemps.
Il faut maintenant hacher ces orties fraiches, pas forcèment en morceaux trés petits, mais éviter de laisser les tiges longues entières. Gardez vos gants !
Nous allons maintenant faire fermenter ces orties. Pour celà il faut éviter tout ce qui pourrait déranger la réaction chimique. Donc tout d’abord un récipient non métallique, rincé et sans résidus, bien large et avec une grande ouverture en haut. Jetez au fond les orties hachées.
Ensuite de l’eau de pluie. Il ne faut absolument pas utiliser de l’eau potable du robinet. Elle contient du chlore, entre autres, qui serait un obstacle pour une correcte fermentation. Peu importe si l’eau de pluie est trouble ou un peu terreuse, même verte d’algues, c’est la plus naturelle que l’on puisse trouver aujourd’hui. En théorie de l’eau de puits ou de ruisseau pourrait convenir. Mais si vous habitez dans une zone agricole, et en particulier une région viticole, elle risque d’être encore plus chargée en produits chimiques que l’eau du robinet.
Versez l’eau de pluie sur les orties hachées, dans la proportion de 10 litres d’eau pour un kilo d’orties fraiches. Si vous utilisez de l’ortie séchée (celà marche aussi), la proportion est de 10 litres d’eau pour 100 grammes d’orties séches.
Aucun ingrédient en plus: des orties, de l’eau de pluie et de l’air, c’est tout.
Les orties vont lentement commencer à fermenter et libérer toutes leurs substances actives et nutritives. Il faut recouvrir l’ouverture du récipient avec un voile pour éviter que des insectes ou des feuilles n’y tombent. Ce voile ne doit pas empècher l’air de passer, il est nécessaire que le mélange reste aéré.
Pour aider à l’aération, il faudra encore mélanger au baton une à deux fois par jour au moins.
Au bout de quelques jours, le mélange va commencer à mousser.
La fermentation peut durer plusieurs semaines, deux au minimum. Lorsqu’il n’y a plus de mousse apparente, elle devrait être terminée. Mais celà peut être trompeur, personnellement je laisse fermenter un mois.
Un mois plus tard, en ayant remué et aéré deux fois par jour, on est raisonnablement certain que la fermentation est conclue. Je me fie aussi à un autre indice révélateur, qui est l’odeur du mélange. Tant que ce n’est pas absolument infect, d’une puanteur presque insupportable, je laisse encore fermenter. Celà s’appelle purin pour une bonne raison.
La fermentation terminée, il reste à filtrer et mettre en bouteilles. Munissez vous de tout le nécessaire avant de commencer l’opération.
Les bouteilles doivent être bien hermétiques et stockées à l’ombre dans un endroit frais. Dans ces conditions le purin d’orties va conserver ses qualités pendant 18 mois au moins.
Avant de l’utiliser il est impératif de toujours le diluer.
Pour fertiliser avec l’eau d’arrosage: 1 litre de purin pour 9 à 10 litres d’eau (encore eau de pluie idéalement).
Pour prévenir les parasites et maladies en pulvérisant le feuillage: 1 litre de purin pour 15 à 20 litres d’eau.
Il convient de respecter ces dosages, le purin d’orties pur est trés concentré en éléments et il pourrait « bruler » le feuillage ou les racines.
Certains utilisent le purin d’orties pour fertiliser le potager, en arrosant entre les rangées (pas directement sur les plantes), lorsque les sols sont pauvres ou épuisés. Nous ne le faisons pas, la terre est bonne dans notre potager et nous y ajoutons fumier et compost chaque hiver. Pour nous, il est réservé aux arbres d’agrumes ou autres fruitiers. L’engrais dilué est versé en cercle autour de l’arbre, à l’aplomb du bout des branches, jamais près du tronc.
Pas besoin d’engrais encore pour ces jeunes vignes plantées il y a un mois. Ce sont toutes des variétés italiennes résistantes aux maladies (PIWI) et à grain blanc (pour éviter la drosophile suzuki).
Quoi qu’il arrive, ces vignes ne recevront jamais la moindre dose de pesticide ou d’engrais chimique.
En janvier 2023, nous avons enfin pu commencer la conversion Bio. Si tout va bien nous serons certifiés Bio Suisse en 2025.
En prévention nous allons par contre pulvériser du purin d’orties en avril/mai à la formation des grappes et à la véraison en juillet.