Les parasites décrits dans ce chapitre ne sont pour la plupart pas spécifiques aux agrumes.
Certains sont rares en Suisse, du moins pour l’instant, mais ils restent les principaux à surveiller.
Il existe pour chacun des moyens de prévention et de lutte.
Le principal moyen de prévention est d’observer la faune d’insectes qui peuple vos arbres du printemps à l’automne, et de garantir que les insectes prédateurs auxilaires y soient présents en bon nombre. La présence de coccinelles, les plus faciles à remarquer, est un bon indicateur d’équilibre.
Diverses espèces de cochenilles s’attaquent aux agrumes. Elles ressemblent à de minuscules bulles ou croutes noires, brunes ou blanches collées sur les petites branches et les feuilles, parfois en groupes serrés. Elles se fixent sur la plante pour se nourrir de la sève et se couvrent d’une cire protectrice. Lorsqu’elles pullulent elles provoquent des blessures à l’écorce et des déformations et carences aux feuilles. Elles sécrètent en plus un miellat sur lequel se développent un champignon nocif, la fumagine, qui va former des taches noires collantes et réduire la photosynthèse.
Les cochenilles blanches à carapace sont les plus courantes sur les citronniers et vont former des amas blancs cotonneux sur l’écorce des branches.
Pour les éliminer, utilisez de l’eau savonneuse, de la bière, de l’alcool ou un mélange. Appliquez sur les zones infestées avec un aspergeur, un pinceau ou un chiffon.
Pour éviter leur apparition les huiles essentielles conseillées sont la menthe poivrée et le géranium. A très faible dose comme toujours pour les huiles essentielles : 5 à 10 gouttes de chaque, 20 gouttes d’huile alimentaire quelconque (par exemple tournesol) à diluer dans 1 litre d’eau de pluie avec quelques gouttes de liquide vaiselle.
Pulvériser préventivement au printemps, ou dés l’apparition des cochenilles. Utilisable aussi en cas d’invasion sévère, mais en respectant toujours les basses concentrations d’huiles essentielles.
La meilleure prévention reste la présence d’insectes prédateurs.
Les ennemis naturels de la cochenille farineuse sont les larves de chrysopes, équipées pour percer les carapaces et capables de véritables massacres. On peut les trouver dans les commerces spécialisés (par exemple : https://www.insectosphere.fr)
Bien sur on trouve aussi très facilement dans le commerce de nombreux produits synthétiques contre les cochenilles. Leur effet sur les insectes auxiliaires n’est pas toujours neutre.
Diverses espèces et couleurs : vert, gris ou noirs. Ils vont se concentrer en masse sur les jeunes pousses et les feuilles tendres. Les pucerons verts en particulier sont protégés des prédateurs par les fourmis, qui se nourrissent de leur miellat. Quelque soit l’espèce de pucerons les dégats peuvent être importants. Les feuilles seront privées de séve et vont se déformer et se raccornir. Les pucerons apparaissent avec la chaleur, leur optimal étant entre 20 et 25 degrés. Dans les zones méditerranéennes le puceron noir est spécialisé dans les agrumes qu’il va attaquer dés le printemps en compromettant parfois sérieusement la floraison.
Un simple jet d’eau froide suffit à les faire tomber et les tuer, mais il en restera toujours dans les recoins. L’eau savonneuse en pulvérisation fonctionne mieux. Savon noir de Marseille liquide (savon potassique), 5 ml à 10 ml par litre, additionné d’un peu d’huile alimentaire pour aider à coller aux branches et aux feuilles.
Peut etre complété par un répulsif: le purin d’ortie en aspertion. Jamais pur mais dilué dans de l’eau de pluie à raison de 1 litre de purin pour 10 litres d’eau (10%). Il est malodorant mais sans danger.
En alternative l'huile de Neem, 5 ml par litre d'eau, et Savon noir de Marseille, mème proportion.
Pour prévenir l’arrivée des pucerons, on peut agir dés l’hiver : en appliquant de la colle anti fourmis sur le tronc, en couvrant au pinceau le tronc et les branches basses de chaux blanche (souvent additionnée d’oligo-éléments et d’huiles essentielles). Au printemps la meilleur prévention est de laisser proliférer les insectes prédateurs auxiliaires : coccinelles, punaises, chrysopes, etc.
Les huiles essentielles conseillées contre les pucerons sont, comme pour les cochenilles, la menthe poivrée et le géranium, avec l’ajout de l’essence de bigaradier (plus difficile à trouver). Versez 5 à 10 gouttes de chaque huile essentielle, ajoutez une cuillère d’huile alimentaire. Mélangez dans une petite bouteille, puis diluez dans 1 litre d’eau de pluie, ajoutez un peu de savon noir liquide ou bien du liquide vaiselle.
A pulvériser préventivement ou curativement. Même en cas d’attaque massive ne jamais augmenter la concentration en huiles essentielles. Asperger de préférence le matin ou le soir, et une deuxième fois encore le lendemain si nécessaire. Alterner éventuellement avec le purin d’ortie.
Il existe des produits synthétiques ou agréés Bio variés contre les pucerons, prêts à l’emploi et faciles d’utilisation. Ils faut essayer d'éviter ceux qui sont nocifs aussi pour les prédateurs des pucerons et pourraient laisser la plante sans défenseurs naturels à la prochaine attaque.
La mineuse des agrumes est un très petit papillon (4mm) qui va pondre en été et en automne sur les feuilles les plus jeunes, et déposer les œufs souvent prés de la nervure centrale. A l’éclosion, les larves pénètrent dans les feuilles et les jeunes pousses et vont creuser des galeries. Les feuilles vont s’enrouler, jaunir et sécher.
Comme la mineuse n’attaque que les feuilles et pousses les plus tendres, une méthode pour éviter sa propagation est simplement de couper les feuilles ou extrémités attaquées. Ne pas jeter ces feuilles dans le compost qui sera utilisé pour les agrumes l’année suivante.
La mineuse se répand très rarement de façon étendue et les dégats qu’elle peut causer sont en général assez limités.
Si cependant elle vous a causé trop de soucis pendant l’été et l’automne, vous pouvez anticiper la taille l’hiver suivant (janvier) et réduire plus sévèrement les branches. Celà va accélérer la repousse de printemps et les feuilles seront déjà trop coriaces en juillet, lors de l’arrivée du papillon, pour que les larves puissent y pénétrer.
Les insecticides systémiques sont parfois utilisés contre la mineuse dans les grandes exploitations d’agrumes. Cette approche de style terre brulée est motivée par d’importants enjeux économiques
Elle n’est observée que rarement en Suisse où elle ne réussit pas à s’installer de façon pérenne à cause des hivers trop rigoureux. Les mouches, probablement introduites sporadiquement par l’importation de fruits méditerranéens, sont versatiles et s’attaquent aux fruits de saison. En automne elles arrivent sur les kakis et les agrumes. Leurs larves gachent et rendent inconsommables les fruits qu’elles attaquent, parfois de façon massive.
En cas d’alertes, très rares pour l’instant, les piéges à phéromones spécifiques sont très efficaces et peu couteux si le nombre d’arbres est limité (un piège pour deux arbres jeunes, un par arbre adulte).
Les insecticides systémiques sont utilisés contre elle dans les zones de cultivation commerciale de masse avec les effets collatéraux habituels sur les insectes auxiliaires.
Spécialisé dans les agrumes, de toutes variétés, l’acarien (Eutetranychus orientalis) s’installe surtout sur la face supérieure des feuilles plus extérieures, en évitant les nouvelles pousses. Mais il va se nourrir et piquer aussi les fruits et parfois les branches jeunes. Il va se répandre facilement d’un arbre à l’autre par des filaments soyeux portés par le vent. Il peut apparaitre en toutes saisons (sauf l’hiver).
Les feuilles atteintes vont prendre une couleur argentée, puis jaunir. Celà peut aller jusqu’à provoquer une perte importante de feuilles en cas de pullulation et compromettre la récolte.
On peut l’éliminer et arréter sa propagation en aspergeant d’huile végétale (tournesol, colza, coton) ou d’huile minérale de parrafine. Au printemps on peut arroser simplement avec de l’eau froide pour le freiner. C’est en général peu efficace l’été, à moins de pouvoir utiliser de l’eau assez froide (5 degrés).
Une recherche entreprise au Maroc publiée en 2021 a testé l'efficacité des huiles essentielles de thym appliquées sur les feuilles avec des résultats positifs sur les adultes, les larves et les oeufs (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0972060X.2021.1927854).
Il existe aussi un acarien antagoniste spécifique (Amblyselus californicus), qui est facile à se procurer en Suisse et semble particulièrement efficace.
Les produits acaricides synthétiques appliqués le plus couramment dans les grandes exploitations ne sont pas autorisés pour une utilisation dans les jardins privés. Certains le sont cependant sur la base de leur toxicité plus basse pour l’humain. Ils éliminent tous les acariens sans distinction
C’est un petit papillon gris (Prays citri) d’un centimètre, présent toute l’année dans les zones infestées, qui va se reproduire dés que la température atteint 25 degrés. Ses larves sont blanches et minuscules à peine écloses, pour atteindre au maximum 5 à 6 mm. Elles sont voraces et s’attaquent aux boutons de fleur mais aussi aux fruits à tous les stades. Chaque papillon peut pondre plus de 100 oeufs.
Les fleurs touchées vont tomber, les fruits immatures avorter et les fruits murs seront déformés et inconsommables. En Suisse la teigne est peu répandue mais elle peut apparaître éventuellement l’été, sauf en cas de printemps ou d’automne très chaud.
La teigne montre une claire préférence pour les citronniers et les limes.
Ses prédateurs sont des insectes, en particulier le perce-oreille mais aussi des oiseaux comme les mésanges et autres passereaux. Favoriser leur présence est une mesure de prévention, par exemple en installant des nichoirs pour les petits oiseaux, et un paillage au pied de l’arbre pour les insectes.
Il existe aussi des piéges à phéromones spécifiques qui vont éliminer les males, à se procurer chez les spécialistes.
Les insecticides systémiques commerciaux utilisés dans les exploitations professionnelles ne sont en général pas autorisés dans les jardins privés.
C’est un gros papillon (Zeuzera pyrina) de 5 cm, velu et de couleur blanche, tacheté de noir-bleu. Il s’attaque à de nombreux arbres fruitiers, comme cerisiers, pommiers, poiriers, y compris les agrumes. Sa larve est une grosse chenille, jaune tachetée de noir, qui peut atteindre 4 à 5 cm et apparaître en été, de juin à aout. Elle va s’attaquer aux branches principales en creusant des galeries qui montent dans le bois. Les dégats peuvent être significatifs, surtout pour un arbre jeune.
Les toutes petites chenilles peuvent se répandre d’arbre en arbre portées par le vent sur un fil de soie. La chenille adulte peut vivre et creuser son chemin dans l’arbre pendant deux ans.
Si vous observez des galeries, éliminez les larves en poussant un fil de fer jusqu’au fond de la galerie.
Pour lutter contre l’infestation disposez des piéges à phéromones spécifiques, à se procurer chez les spécialistes.